Cette magnifique oeuvre intimiste a les allures d’une chronique de la fin de l’enfance, avec
rentrée scolaire au dernier plan. Avant cet
épilogue, il y aura eu pour la petite Jorgelina
l’isolement estival dans la masure paternelle,
loin de sa grande soeur en proie aux premiers
tourments de l ’adolescence et déjà obnubilée
par la norme et les garçons. Pour Jorgelina, il
y aura surtout eu les retrouvailles avec le
jeuneMario, fils de peóns, cavalier émérite qui
s’entraîne pour la grande course à venir,
véritable rite initiatique local pour faire de lui
un homme, un vrai…
La grande pertinence du scénario réside dans
cette ligne qu’il tient tout du long : sous-tendu
par les questions peones d’identité sexuelle,
il reste écrit à hauteur d’enfant, sans jamais
rien enfermer dans des explications précises
et par là réductrices. Julia Solomonoff préfère
multiplier les anecdotes sensibles et beaucoup
plus signifiantes. Comme cettemue de serpent
trouvée par Mario, lui-même préoccupé à
préserver sa carapace. « Un serpent qui perd
sa peau est beaucoup plus en colère » lancet-
il. C’est bien ce sentiment-là qui monte tout
au long du film, jusqu’à la libération finale,
que seules les images rendent dicible. Du
beau cinéma. |
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