CINEMARGES 2010 > films >o fantasma
FOCUS JOÃO PEDRO RODRIGUES
Depuis le succès de son premier film O Fantasma en 2001, et la sortie en 2005 de Odete, João Pedro Rodrigues est un réalisateur que l’on suit avec attention tant il façonne un style singulier qui déborde de loin les cadres dans lesquels on pourrait chercher à le ranger. Son cinéma est physique, en chair, porté par les corps magnétiques de ses acteurs pour la plupart non professionnels. C’est ainsi qu’empreints d’un sentiment de mélancolie très prégnant (la saudade), ses films nous embarquent tout à tour dans des moments de tension érotique denses et des moments de pure fantaisie, à l’image de Mourir comme un homme où dialoguent le mélodrame transgenre et la comédie musicale.
O Fantasma
João Pedro Rodrigues
Portugal, 2000, 35 mm, 1h30, vostf


Quelques nuits, quelques petitsmatins dans la vie de Sergio. Il a une vingtaine d'années, la beauté dangereuse des ragazzi de Pasolini, il travaille comme éboueur dans les quartiers Nord de Lisbonne. Il est seul, parle peu. Le seul être avec qui il communique, c'est peut-être ce chien qui niche dans la cour de l'entreprise. Il le nourrit, le caresse, un peu de chaleur passe entre lui et l'animal. Avec les hommes, les contacts se réduisent à l'assouvissement sexuel. Sergio drague et se laisse draguer, poussé par une soif insatiable de plaisir. Étreintes brutales et anonymes, masturbations féroces, la jouissance apporte une délivrance violente mais brève. Puis il rencontre le garçon sur qui il va pouvoir fixer son désir en la personne d’un jeune motard. Il fétichise bientôt tout ce qui touche à l’être convoité (ce qui nous vaut une scène de douche déjà culte).

Fantasma veut dire en portugais à la fois « fantasme » et « fantôme ». Dans la scène finale où notre héros déambule dans une tenue de latex, on pense volontiers aux Vampires de Feuillade. Un film à ranger aux côtés de Un chant d'amour, Pink Narcissus et Querelle.
SAMEDI 17 • 14h30 DIMANCHE 18 • 22h
CINEMA UTOPIA