CINEMARGES 2010 > films >mourir comme un homme

FOCUS JOÃO PEDRO RODRIGUES
Depuis le succès de son premier film O Fantasma en 2001, et la sortie en 2005 de Odete, João Pedro Rodrigues est un réalisateur que l’on suit avec attention tant il façonne un style singulier qui déborde de loin les cadres dans lesquels on pourrait chercher à le ranger. Son cinéma est physique, en chair, porté par les corps magnétiques de ses acteurs pour la plupart non professionnels. C’est ainsi qu’empreints d’un sentiment de mélancolie très prégnant (la saudade), ses films nous embarquent tout à tour dans des moments de tension érotique denses et des moments de pure fantaisie, à l’image de Mourir comme un homme où dialoguent le mélodrame transgenre et la comédie musicale.
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Mourir comme un homme [avant-première en présence du réalisateur]
João Pedro Rodrigues
France/Portugal, 2009, 35mm, 2h13, vostf


Ce fascinant film de travestis ne saurait se résumer à cette veine-là du cinéma underground. Loin des chemins balisés et de leurs scènes de play-back aux rideaux emperlés, Mourir comme un homme conte pourtant l’histoire d’une vedette de la nuit lisboète, Tonia, dont la suprématie est menacée par l’arrivée d’une sublime créature noire de moitié de son âge.
Surtout, il y a son histoire d’amour avec le jeune Rosario, qui se heurte à la chirurgie irrémédiable à laquelle Tonia ne parvient pas à se résoudre. Il y a aussi le retour de son fils, militaire, et la rencontre dans une forêt enchantée avec l’énigmatique Maria Bakker.

Constellée de procédés picturaux qu’il fallait oser tenir, cette oeuvre de João Pedro Rodrigues n’en finit pas de surprendre. Plutôt que de farder le réel et l’assujettir à un discours, quelque chose d’organique finit par exister, là où la triviale réalité condamnait Tonia.

Toute l’émotion du film tient dans cette poésie-là. Et perdure.
MERCREDI 21 • 20 h
CINEMA UTOPIA